LES CAHIERS MAX JACOB N°8

éd.  A.M.J. /Presses Universitaires de Pau

 

Les Cahiers Max Jacob présentent un dossier consacré
à la figure de Max Jacob personnage de roman.

Les Cahiers Max Jacob proposent un dossier concernant la question de Max Jacob comme personnage de roman, ce qui n’a jamais été évoqué globalement par la critique jacobienne. Le poète a en effet été une source de plusieurs romans à clefs sans que ces liens n’aient jamais été étudiés quant à leur signification littéraire. Ces apparitions n’étonneront sans doute pas le lecteur car Max Jacob, depuis son plus jeune âge, « av[ait] déjà le goût du roman [et ] romançait [sa] vie ». Robert Szigeti disait aussi avec humour que le poète « était légendaire… de naissance ». Max Jacob n’hésitait pas, en effet, à rajouter quelques traits au récit de son existence : le jeu sur sa date de naissance, ses inventions fantasques d’aventurier (Max Jacob quartier-maître à Macao ?!) tisseront par exemple des trames romanesques quelquefois reprises par des biographes complaisants. Se « fabriquer » personnage du roman de sa vie, ne pas hésiter à s’inspirer largement de son entourage comme matière de ses propres romans et ensuite devenir un personnage de roman : le pas était sans doute donné par le modèle lui-même.

Il est intéressant de dresser la liste de ceux qui, du vivant de l’artiste, le propulsèrent sur la scène de la fiction littéraire. On constate avec un certain plaisir ( leur notoriété rayonnant de concert avec celle du poète ) que Guillaume Apollinaire, Philippe Soupault, Louis Aragon, Pierre Reverdy, Francis Carco, André Salmon ou Maurice Sachs se sont servis de la figure de Max Jacob et, pour certains d’entre eux, à plusieurs reprises. Jusqu’ici, l’étude de ces récits servait à isoler tel ou tel point d’histoire littéraire rapporté à l’examen de la biographie de Jacob. Figure de rêve dans les poèmes d’Apollinaire, sage délivrant la voie à suivre chez Aragon, père de substitution débonnaire chez Salmon, Jacob n’était pas envisagé sous le prisme de son personnage littéraire ou à l’aune des enjeux esthétiques de l’intrigue du récit lui-même.  Le texte dans lequel apparaissait le poète était doté d’un statut « documentaire » sans que la vraisemblance de sa narration fût vraiment interrogée, la nature du projet littéraire de son auteur questionnée ou l’époque relativement courte de cette représentation littéraire relevée.